POINT DE VUE. Écologie : vive la science
Environ 1200 personnes sont venues place Royale à Nantes pour la marche pour le climat, le 8 septembre 2018.
Environ 1200 personnes sont venues place Royale à Nantes pour la marche pour le climat, le 8 septembre 2018. | FRANCK DUBRAY / OUEST-FRANCE
Bernard POIGNANT, député européen de 1999 à 2009. Publié le 11/10/2018 à 09h17
Lire le journal numérique
L’écologie est une science avant d’être un parti. Les Français le savent ou le sentent.
Il y a, depuis longtemps, des chaires d’écologie dans les universités et laboratoires. Il n’y a jamais eu de chaire de socialisme, de libéralisme ou de conservatisme. Ce ne sont pas des sciences mais des opinions ou des idéologies.
Même Gustave Flaubert a plaidé pour la place de la science dans la politique en écrivant à George Sand, le 5 juillet 1869 : « La politique sera une éternelle niaiserie tant qu’elle ne sera pas une dépendance de la science. Le gouvernement d’un pays doit être une section de l’Institut. »
On en est loin : il y a un moment que chez les dirigeants politiques, les écoles de commerce et l’École nationale d’administration ont supplanté l’École normale supérieure et l’École polytechnique. La séquence de démission de Nicolas Hulot, avec une annonce inattendue et un discours émotionnel de départ, a fait éclater au grand jour les difficultés de la science écologique quand elle entre en politique.
Gouverner, c’est prévoir pour demain… Mais aussi choisir pour aujourd’hui, souvent entre plusieurs inconvénients. La politique pour freiner le réchauffement climatique est le plus bel exemple.
Il faut moins de carbone dans le ciel pour éviter l’étuve. On doit donc fermer toutes les centrales thermiques. Mais les consommateurs veulent une électricité abondante et peu coûteuse. Il faut donc des centrales nucléaires au moins pour un temps. Elles ne rejettent pas de carbone mais produisent des déchets dangereux que l’on enfouit sous la terre. Il faut donc admettre que la programmation pluriannuelle de l’énergie annoncée cet automne aura sa part de nucléaire. Le nouveau ministre l’a laissé entendre.
Contradiction aussi pour le carburant de nos véhicules. Le diesel émet moins de carbone, mais il est plus nocif pour notre santé par les particules fines que l’on respire. Alors on le taxe pour rapprocher son prix de celui de l’essence qui pourtant rejette plus de carbone dans l’atmosphère.
Soyons tous écologistes et scientifiques
Les scientifiques nous disent que le réchauffement de notre climat est à maîtriser. Mais la planète s’en tirera. Elle a des millions d’années derrière elle. Ce sont les êtres vivants qui vivent sur elle auxquels il faut penser.
La planète se moque de notre vie. Tantôt elle se refroidit, tantôt elle se réchauffe. En ce moment, ces mêmes scientifiques nous disent qu’elle traverse un long cycle de réchauffement d’environ 20 000 ans, appelé « transgression flandrienne ». Ce cycle a déjà fait remonter le niveau des mers et on lui doit l’existence de la Manche sans quoi l’Angleterre ne serait pas une île.
C’est la part humaine depuis deux siècles qui accroît le phénomène. C’est d’elle dont il faut parler et non du réchauffement d’origine naturelle.
Voilà pourquoi, sur ces questions, il faut entendre les hommes de science avant les hommes des partis. Cette part humaine justifie les efforts à faire et les inflexions à donner aux politiques publiques. Tous les citoyens doivent être alertés sur les dangers qui menacent.
La feuille de route de la COP21 a tracé la voie. Mais surtout évitons d’être anxiogènes et d’agiter les peurs. François de Rugy a raison de parler d’écologie positive. Certains disent : soyons tous écologistes. J’ajoute : soyons tous scientifiques !
ttps://www.ouest-france.fr/reflexion/point-de-vue/point-de-vue-ecologie-vive-la-science-6012747
