以下は、Univerite Descartes でおこなわれたjournee d'eudes ¨Sand e argent¨の発表の要約です。
Resume des communications
Claire Le Guillou , ¨ La famille de Germandre ou le roman de l’heritage ¨
Le theme de l’heritage est recurrent dans l’oeuvre sandienne et s’avere tres prot?iforme. L’heritage est un moteur romanesque, un ressort dramatique, et meme un deus ex machina.
Cette manne financiere, esperee ou non, voire convoitee, permet l’epanouissement artistique dans Le Chateau des Desertes, le bonheur social dans La Ville noire, ou bien encore le bonheur familial dans La Tour de Percemont et Antonia. Mais, le roman de George Sand dont l’intrigue s’articule entierement sur cette thematique est La Famille de Germandre.
Suite au deces du Comte de Germandre, tous ses heritiers se retrouvent dans son chateau pour assister a la lecture de son testament. De maniere classique, ce huis clos familial permet a George Sand de brosse une peinture sociale de l’aristocratie. De maniere tout aussi classique, ce probleme d’heritage et de niveau de fortune conditionnent les projets matrimoniaux de ce roman. Neanmoins, ce roman est selon nous particulierement original. L’heritage y est presente comme une reelle epreuve initiatique. H?riter est synonyme de passer l’epreuve du Sphynx, de percer le secret du vieux comte. Ici, heriter ne demande plus seulement des vertus morales, mais aussi des competences intellectuelles. L’heritier sera donc celui qui sera l’heureux possesseur d’une solide connaissance du passe, porteur d’un heritage ¨archeologique ¨. De ce fait, l’heritage n’est plus percu comme un moment de rupture, mais comme une continuite familiale et historique.
Nous nous proposons d’etudier ce roman au regard des quelques pistes evoquees ci-dessus.
Simone Balazard, ¨De quoi vivent-elles ? ¨
En suivant la trajectoire de quatre heroines eponymes (Indiana, Isidora, Flavie, Francia), nous allons nous poser cette simple question en tenant compte de deux parametres : la date de parution du livre correspondant, et la date de l’action.
Les quatre romans ont ete choisis selon deux criteres : porter le prenom de l’heroine, couvrir a peu pres toute la production de l’auteure ( 1832-1845-1858-1871).
Du premier roman signe par George Sand (Indiana) au saisissant portrait d’un Paris sous la botte russe (Francia) en passant par les deux romans intrigants que sont Isidora (plutot sombre) et Flavie (plutot gai), nous allons tenter de clarifier le rapport de ces femmes a l’argent (source, usage, d?pendance ou liberte).
Romain Piana : ¨ Le Plutus de George Sand, une all?gorie socio-economique ¨
Cette communication se propose de lire l’¨ etude d’apres le theatre antique ¨ que George Sand publie dans la Revue des deux mondes en 1863 comme l’esquisse d’une theorie d’economie politique, presentee sous la forme didactique d’une allegorie dramatique. En adaptant la derniere piece conservee d’Aristophane, dont l’allegorie de la richesse constitue le personnage eponyme, Sand s’empare d’un texte mis au premier plan lors des bouleversements politiques de la Seconde Republique, et considere, selon les camps, comme une refutation anticipee des theories socialistes ou comme une ¨ protestation contre l’inegale repartition des biens ¨ (Fallex). La communication proposee voudrait montrer que la recriture sandienne vise a donner une coherence doctrinale a la ? le?on ? ambigu? de l’hypotexte grec : la reconfiguration du systeme des personnages (expansion de la figure de Mercure, entre autres), les transpositions pragmatiques (intrigue matrimoniale, catastrophes ?conomiques…) aboutissent a proposer l’image d’un microcosme socio-economique ¨l’epreuve de la ¨ question d’argent ¨. La reelaboration de la figure de Plutus participe ainsi d’une redefinition emancipatrice des rapports entre capital, travail et production dans lequel la place de l’argent se verrait r?duite ? sa simple valeur d’?change.
Marie Claire Vallois : ¨ Fanchette (1843): reflexions sandiennes entre l’economie politique et la fiction pastorale ¨
Fanchette (1843) a ete une publication sandienne peu commentee du point de vue textuel et ideologique, tout au moins jusqu’a sa redecouverte et son analyse par Michelle Perrot dans les deux ouvrages, Politique et polemiques (Imprimerie nationale,1997) et Les Femmes ou les silences de l’histoire (Flammarion,1998). Ce curieux texte nous semble symptomatique, par son sujet et par son ?criture, d’un moment de dechirement inaugural dans l’oeuvre sandienne entre ecriture journalistique et ecriture romanesque. Il s’agit d’un texte pluriel (sans nom d‘auteur proprement dit) et batard ? plus d’un point de vue, qui se trouve intitule, pour la publication en brochure libre en 1843, du nom de la‘victime,’ sujet, objet et heroine du‘fait divers’: Fanchette. Cette brochure, composee d’une serie de six lettres, les unes fictives (Lettre de Blaise Bonin a Claude Germain), les autres authentiques (lettres de George Sand, lettre du procureur du Roi a la Chatre) constitue comme un rapport d’enquete dont le propos est la disparition d’une fillette orpheline (‘un premier champi’) dans l’arrondissement de La Ch?tre. La publication par George Sand de la ¨ Lettre de Blaise Bonin a Claude Germain¨, paysans fictifs, accompagnee de la suite de la correspondance effective aff?rente, decouvre dans l’¨ histoire d’un enfant perdu ? une reelle ¨affaire criminelle¨ due a la gestion de l’economie politique interessee des fonctionnaires des villages et des villes environnant Montgivret, pres de La Chatre, pour le profit des autorites locales et departementales de l’Indre. Dialogue de presse sans suite publie par extraits dans la presse provinciale, diront certains. Virulent debat journalistique avec les autorites administratives, diront d’autres. Sand prend sciemment ? partie les representants du pouvoir dans La Revue Independante, journal qu’elle a cree dans un but deliberement polemique en 1841 avec Leroux et Viardot. L’affaire qui prend un moment tournure d’accusation des autorites locales se termine par un ¨non lieu¨ juridique au niveau administratif. L’ensemble des textes qui constituent la brochure ressemble etrangement cependant au rassemblement de pieces pour l’instruction d’un proces d’un autre ordre, celui qui se trouve ainsi livree l‘opinion publique. Au proces judiciaire non advenu est substitue, grace a la journaliste, une publication qui devient ‘le lieu’ de la mise en ecriture d’un debat public mettant en scene accuses, juges et temoins. La journaliste Sand rendra, de cette facon, autrement public, un second verdict. Ce verdict inaugural de l’age de la presse moderne annonce une nouvelle justice democratique, regeneree par les valeurs de la pastorale evangelique du christianisme primitif (inspiree par Pierre Leroux et ses disciples.) Se trouve alors introduit et convoque, sur la scene de la petite histoire des ‘faits divers’ locaux, comme sur les scenes paralleles de l’Histoire et du roman ‘pastoral’, ce nouvel acteur de l’age moderne: l’Argent.