西尾治子 のブログ Blog Haruko Nishio:ジョルジュ・サンド George Sand

日本G・サンド研究会・仏文学/女性文学/ジェンダー研究
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Féminin, féminité, féminisme : le témoignage engagé de George Sand

2020年05月26日 | サンド研究

Romantique ou gothique, George Sand fournit des armes pour dénoncer la condition féminine de son époque. Pour cela, elle s’adonne à l’exploration de la spirale du Moi dans la construction de ses personnages : que ce soit Indiana, une héroïne gothique double, ou Valentine, qui décline les malheurs de la vertu, ou encore Lélia, souvent en excès cérébral, et même Consuelo, qui mène un parcours initiatique à valeur d’exemplum6, ces héroïnes vertueuses et sensibles, ces femmes irréprochables, se révèlent de bien mystérieuses duettistes, adoubées par un patriarcat omniprésent, mais désabusées et réfugiées dans le sublime des alliances contraires. Bipolaires, elles font l’éloge d’une littérature de la liberté, du libertinage et du libertaire ; toutes espèrent sortir des schémas classiques qui entravent et enferment.

7Ann Radcliffe et Catherine Cuthbertson impulsent, en figures tutélaires, les explorations sandiennes de la condition féminine, dénonçant l’effacement systématique des femmes des sphères du pouvoir de l’époque. À la lumière de leurs ouvrages, Sand analyse des stratégies possibles de survie, un pouvoir d’action pouvant paradoxalement surgir de ces victimes. L’autrice fait preuve, dans toute son œuvre, d’un regard aiguisé sur le sujet féminin et la représentation que son époque se fait de la féminité, et cherche à combattre la dévalorisation systématique des femmes qui la caractérise : assistée, handicapée ou immature quand il s’agit d’assumer une quelconque décision, la femme voit sa place fixée à mi‑parcours entre l’enfant qu’on protège ou le vieillard qu’on assiste. Ce sont les propres angoisses de Sand, en tant que femme dans cette période instable de l’Histoire et en tant qu’être aux histoires personnelles turbulentes, qui sont le terreau fertile de son imaginaire. Victime elle‑même du syndrome de la Madone et de la prostituée, elle place ses héroïnes dans un lieu typologiquement patriarcal, dont le château gothique est une variante habituelle, permettant de servir les motifs de l’emmurement et de l’enterrement vivant qui conditionnent l’invisibilité féminine au sein des structures décisionnelles. Elles sont présentées ainsi comme des êtres vulnérables, objets de menaces institutionnalisées et ainsi dépossédées des ressources de leur propre corps : « […] le château se dresse comme un édifice polémique qui oppose à toute pénétration étrangère l’épaisseur de ses murs et des convenances qui servent de protection contre le monde extérieur […]7. »

8S. Bernard Griffiths analyse La Mare au diable comme un réel itinéraire initiatique, qu’elle approche aussi du cheminement romanesque vénitien de Mattea : « L’espace s’impose comme partie intégrante de la fabrication fictionnelle des personnages8. » Comme pour l’influence gothique, la théâtralité du lieu opère avec toutes ses exigences diégétiques de structures labyrinthiques, chères aux épreuves initiatiques. C’est pourquoi Sand crée des personnages‑paysages féminisés, elle reprend des coutumes qu’elle littérarise, elle spiritualise aussi la condition paysanne afin de survaloriser l’esthétique de ses êtres champêtres. La mare au diable est « la source d’émanations malfaisantes, le centre d’un cercle magique, dont les héros, subjugués par un envoûtement inconnu, demeurent prisonniers », la mare « fonctionne comme un magique aimant générateur d’une circularité fatale »9. L’esthétique du fantastique rejoint la poétique gothique et la primitivité des êtres permet que leur soient révélés les secrets du monde surnaturel, ils sont dotés d’une véritable aptitude pour voir au‑delà du visible, ce que la civilisation ne permet pas d’appréhender. De plus, la parole est donnée aux femmes de la Province face à celles de Paris, et aux femmes du Peuple face aux élites cultivées : c’est ainsi que le combat sandien s’enclenche, revendicatif et même revanchard parfois, la dignité métapoétique est en marche…

9Il faut aussi noter qu’à côté du château gothique, de ses labyrinthes et souterrains, la thématique féminine du clos et de l’ouvert sous‑tend aussi, paradoxalement, la symbolique du jardin, de l’espace végétal ou floral, et le lieu étouffant de la serre. Le jardin est souvent clôturé par quatre murs infranchissables et la marche sans but de la jeune veuve dans celui de l’Hôtel d’Estrelle est une fois de plus une marche prisonnière. En conséquence, toute femme ne pouvant agir que de manière détournée, le goût sandien très prononcé pour le masque et les déguisements transformistes (qui offrent la possibilité de l’excès et de la transgression) lui donne, en tant qu’écrivaine, la force idéologique de malmener l’héroïne virginale que toute jeune femme se doit d’être. Devenue cruelle, forte et subversive, l’anti‑héroïne sandienne condamne la société et l’ignorance comme dangereuses ; toute vertu féminine est alors promise à des supplices affreux. À l’angélisme, il lui faut opposer le charnel, à la pureté, le corporel et à la victimisation, l’affirmation de soi qui permet de dénoncer fermement le mécontentement sexuel et métaphysique de toute femme, ce qu’entreprendra avec plus ou moins de succès l’exemplaire Lélia. Selon S. Bernard‑Griffiths, l’euphémisation morale et la survalorisation esthétique servent alors à enluminer l’érotisme sous‑jacent de ces désirs d’aventures et de ces aventures des désirs. George Sand va alors mettre sa plume au service d’un dédoublement féminin possible et souhaité.

6 Nous empruntons ces formules caractérisantes à la table des matières de l’essai de Marilyn Mallia, cité précédemment.

7S. Bernard‑Griffiths, op. cit., p. 511‑512.

https://www.fabula.org/revue/document12621.php

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La misogynie littéraire. Le cas Sand

2020年05月26日 | 手帳・覚え書き
https://journals.openedition.org/rief/1473

La misogynie littéraire. Le cas Sand
Silvia Lorusso Revue italienne des Fraçais

La misogynie littéraire, un sous-type de la misogynie en général, est un phénomène ancien.
Dans sa forme la plus moderne elle trouve ses racines dans la pensée rousseauiste.
Cet article essaie d’illustrer trois causes pouvant fonder une telle haine :
d’abord une motivation sociale (la femme doit être l’ange du foyer domestique) ;
une deuxième raison, qui relèverait du domaine de la morale (les romans des femmes auteurs sont trop passionnels) ;
et une troisième, sexiste celle-ci (« le génie est mâle »).

Tels sont les motifs qui semblent à la base de la rancune du monde littéraire contre George Sand, femme trop libre et auteure de renom. Voilà pourquoi, plus que toute autre, elle a suscité une haine violente de la part de plusieurs écrivains et critiques plus ou moins illustres.


trois causes pouvant fonder une telle haine :

d’abord une motivation sociale (la femme doit être l’ange du foyer domestique) ;
une deuxième raison, qui relèverait du domaine de la morale (les romans des femmes auteurs sont trop passionnels) ;
et une troisième, sexiste celle-ci (« le génie est mâle »).

Tels sont les motifs qui semblent à la base de la rancune du monde littéraire contre George Sand, femme trop libre et auteure de renom. Voilà pourquoi, plus que toute autre, elle a suscité une haine violente de la part de plusieurs écrivains et critiques plus ou moins illustres.

https://journals.openedition.org/rief/1473


« Les femmes qui écrivent ne sont plus des femmes. Ce sont des hommes, – du moins de prétention, – et manqués ! Ce sont des Bas-bleus. Bas-bleu est masculin. Les Bas-bleus ont, plus ou moins, donné la démission de leur sexe »1.

1 J. A. Barbey d’Aurevilly, Introduction – Du Bas-bleuisme contemporain, dans Id., Les Bas-bleus, introduction et notes de P. Auraix-Jonchière avec, pour les notes, la collaboration de J. Dupont, P. Glaudes et M.-C. Huet-Brichard, dans Les Œuvres et les Hommes, 1ère série, dans Œuvre critique, vol. II, éd. P. Glaudes et de C. Mayaux, Paris, Les Belles Lettres, 2006, p. 29.


Et encore : « Le Bas-bleu, c’est la femme littéraire. C’est la femme qui fait métier et marchandise de littérature. C’est la femme qui se croit cerveau d’homme et demande sa part dans la publicité et dans la gloire »2.

2 Ibid., p. 30. La critique s’est plusieurs fois occupée de la misogynie littéraire et du bas-bleuisme
(cf. C. Planté, La petite sœur de Balzac : essai sur la femme auteur [Paris, 1989], Lyon, PUL, 2015 ;
M. Reid, Des femmes en littérature, Paris, Belin, 2010 ;
C. Mariette-Clot et D. Zanone (dir.), La Tradition des romans de femmes. XVIIIe-XIXe siècles, Paris, Champion, 2012 ;
A. Del Lungo et B. Louichon (éds.), La Littérature en bas-bleus, t. I-III, Paris, Classiques Garnier, « Masculin/féminin dans l’Europe moderne », 2010-2017).

Mais, dans cet article je ne m’occuperai pas du personnage de la femme auteur dans l’imaginaire littéraire et social du XIXe siècle, ni des caractères du roman écrit par des femmes. En prenant en compte cette bibliographie, je me limiterai à la polémique littéraire et considèrerai les propos, plus ou moins connus, d’écrivains et d’hommes de lettres, en essayant de retrouver et d’expliquer les formes et les mobiles de cette misogynie.
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芸術家の使命  ジョルジュ・サンド 

2020年05月26日 | 手帳・覚え書き
「人々が誤解しあい憎しみあって世の中の不幸が生じているような時代においては、芸術家の使命は、やさしさや信頼や友情をほめたたえて、清らかな風習や、やさしい感情や、昔ながらの公正さなどが、まだこの世のものである、あるいはありえるということを、心がすさんだり勇気をなくしたりしている人々に思い出させてやることです・・・」 

Dans les temps où le mal vient de ce que les hommes se méconnaissent et se détestent, la mission de l'artiste est de célébrer la douceur, la confiance, l'amitié, et de rappeler ainsi aux hommes endurcis ou découragés, que les moeurs pures, les sentiments tendres et l'équité primitive, sont ou peuvent être encore de ce monde.    1851



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フランスの中高生が学んでいる人気作家は?

2020年05月07日 | 手帳・覚え書き


Littérature : qui sont les auteurs "stars" étudiés au collège et au lycée ?
La liste des oeuvres à étudier pour le bac de français 2020 vient de tomber. Comment les auteurs se retrouvent-ils dans les programmes des collèges et lycées ? Qui sont auteurs stars, les oubliés, ou encore ceux qui montent ?

L'écrivain Albert Camus (1913-1960) (AFP)

"Les Fleurs du Mal" de Baudelaire, les "Essais" de Montaigne, "La Princesse de Clèves" de Madame de La Fayette, "Le Mariage de Figaro" de Beaumarchais figurent sur la liste des douze oeuvres, réparties en quatre catégories (poésies, essais, romans, théâtre), dans laquelle devront piocher les professeurs de lettres en lycée général et technologique pour la Première, en préparation du bac de français en 2020.

Nouvelle méthode de sélection
Cette liste "imposée", relativement classique selon les professeurs de lettres interrogés par l'AFP, est une nouveauté. Elle sera renouvelée pour moitié chaque année. Jusqu'à présent, les enseignants choisissaient eux-mêmes les oeuvres étudiées, en respectant les programmes.

"L'Etranger" de Camus, "Les Fleurs du Mal", "Don Juan" de Molière, "Candide" de Voltaire étaient ces dernières années parmi les oeuvres les plus étudiées pour l'oral du bac, déclare Françoise Cahen, professeur dans un lycée d'Alfortville (Val-de-Marne). Au collège, "le best-seller, c'est 'Antigone' d'Anouilh. Mes lycéens parlent encore très souvent de ce personnage", ajoute-t-elle.

Marivaux et Camus, "stars inamovibles"
Au collège et au lycée, des auteurs sont "des stars inamovibles" et d'autres connaissent des fortunes diverses au fil des ans, indiquent les enseignants.

Pour Romain Vignest, professeur dans un collège parisien et président de l'Association des professeurs de lettres, "Marivaux marche très bien" depuis longtemps. "C'est la 'tchatche' qui leur plait ! Une partie de la finesse de cet auteur leur échappe parfois, avant les explications, mais les élèves sont immédiatement séduits par la vivacité des dialogues et des personnages". Au lycée, si "L'Etranger" reste encore très étudié.

"La Condition Humaine" de Malraux l'est beaucoup moins qu'il y a trente ans, ajoute M. Vignest, qui a également exercé en lycée. De même pour François Mauriac, relève Françoise Cahen.

Corneille, Racine, Molière jusqu'aux années 70
L'enseignement de la littérature française date de la fin du XIXe siècle, explique Violaine Houdart-Mérot, professeure à l'université de Cergy-Pontoise. Jusqu'alors, les élèves étudiaient les textes grecs et latins.

Les premières oeuvres travaillées sont celles du XVIIe siècle, les seules considérées comme "classiques". S'y ajoutent au fil des décennies des textes du XVIIIe et du XIXe.

De l'après-guerre aux années 70, le XVIIe et ses auteurs phare (Corneille, Racine, Molière) restent prépondérants, avec une présence très faible du roman, "vaguement méprisé". "Balzac, Stendhal, Zola sont étudiés sous forme de morceaux choisis. C'est tout", indique l'universitaire.

"Le grand tournant s'effectue dans les années 70 et les programmes des années 80, avec une montée en puissance du roman et une ouverture vers le XXe siècle"
Françoise Cahen, professeure de Français

La place des écrivaines "encore trop réduite"
Pour Françoise Cahen, il faut "bien évidemment" étudier les "best-sellers". "Je ne veux pas que mes élèves ignorent Victor Hugo!". Mais elle regrette un corpus scolaire parfois un peu figé, avec une place accordée aux écrivaines encore trop réduite.

Chaque année, avec ses élèves de Seconde, elle "ressuscite" une auteure oubliée : Catherine Bernard (1663-1712), qui a écrit "Riquet à la houppe" (avant Charles Perrault) et dont les pièces étaient jouées à la Comédie Française, ou encore Marie-Anne Robert (1705-1771), considérée par les Anglo-saxons comme une pionnière de la science-fiction.

Yourcenar, Duras, Ernaux, et George Sand
Les livres de Marguerite Yourcenar, Marguerite Duras et de plus en plus d'Annie Ernaux ("La Place", "Les Années") sont également étudiées dans les lycées, ou des extraits de leurs oeuvres donnés à commenter aux épreuves écrites du bac.

Romain Vignest note un renouveau pour George Sand. "Pas pour ses romans champêtres, mais plus pour 'Consuelo' ou 'Indiana'", dit-il. Une évolution due au renouveau des études consacrées à cette auteure à l'université.

Des écrivains effectuent en effet un retour en grâce aux travaux universitaires. Leurs oeuvres apparaissent ensuite au programme des concours de professeurs (Capes et agrégation), les futurs profs les étudient, les éditeurs publient des éditions critiques en poche... et c'est au tour des élèves de se plonger dedans.

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https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/roman/litterature-qui-sont-les-auteurs-stars-etudies-au-college-et-au-lycee_3399313.html


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