西尾治子 のブログ Blog Haruko Nishio:ジョルジュ・サンド George Sand

日本G・サンド研究会・仏文学/女性文学/ジェンダー研究
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Un espoir de mutation

2012年11月18日 | サンド研究
Un espoir de mutation
LE MONDE | 13.11.2012 à 14h51 • Mis à jour le 13.11.2012 à 15h11 Par Jean-Claude Caron (Livre du jour)

Le printemps des peuples appartient à ces rares moments de l'histoire de l'Europe où les idées se confrontent aux actes dans un processus révolutionnaire partagé. L'année 1848 a ainsi pu incarner, pendant quelques mois au moins, l'espoir de profondes mutations politiques et sociales, l'émergence de peuples libres et l'avènement d'une "vraie" égalité. La prise de parole est universelle : de George Sand à Karl Marx, de Pierre-Joseph Proudhon à Giuseppe Mazzini, des ouvriers parisiens aux patriotes slaves, des féministes aux communistes, chacun fait entendre sa voix. Une voix rebelle ? La réponse est nuancée, comme en témoigne le cas français.

Une fois la République fondée et les grands acquis obtenus (suffrage universel masculin, abolition de l'esclavage, limitation de la durée journalière du travail, etc.), les nouveaux hommes forts au pouvoir entendent bien conserver l'ordre social inchangé. Selon une tendance partagée en Europe, réformistes et révolutionnaires s'affrontent alors, sous l'oeil attentif des conservateurs, d'abord verbalement, puis physiquement. A Paris, les journées de Juin sonnent comme la fin d'un rêve : celui d'une société fraternelle, incapable de résister à l'entraînement fatal vers ce mal français que serait la guerre civile. Ailleurs, l'été 1848 est marqué par une vigoureuse reprise en main de la situation par les grandes puissances, à commencer par l'Autriche.

Les textes réunis dans cette anthologie proposent un large éventail de ces voix, connues ou inconnues, parfois anonymes, qui ont surgi dans cet épisode révolutionnaire européen. Elles disent les profondes divergences qui marquent, par exemple, la conception de la démocratie. Qu'est-ce qu'être électeur si l'on n'a pas de travail ou si celui-ci ne permet pas d'en vivre dignement ? La citoyenneté peut-elle se décliner au féminin ? La France doit-elle, comme en 1789, "libérer" les peuples asservis ? Autant de questions qui entraînent des réponses contradictoires et qui, peu à peu, introduisent une fissure, puis une véritable rupture dans ce qui ressemblait, à l'origine, à un consensus. Parmi d'autres, les voix de George Sand ou de Marie d'Agoult illustrent ce sentiment de désillusion, lorsque la bataille de rue de juin succède à la Fête de la fraternité d'avril. Plus radicale, la voix d'un Marx fustige la bourgeoisie assassine et en appelle à l'avènement d'une "vraie" révolution - entendons : communiste. A cet égard, 1848 correspond à un "moment communiste" d'autant plus fort que le mot est à la fois utilisé comme espoir - pour ses partisans - et comme repoussoir - pour ses adversaires.

On assiste également à l'émergence de voix politiques qui portent alors encore faiblement, comme celle de Victor Hugo qui se situe à cette époque sur un registre plutôt conservateur, ou qui restent peu audibles, sinon inaudibles. Les interventions parfois balbutiantes dans les clubs politiques (on sait le parti ironique qu'en tirera Flaubert dans L'Education sentimentale), les professions de foi à la syntaxe hasardeuse, les publications bon marché relayant la parole ouvrière sont autant de témoignages de l'éclosion d'acteurs sociaux et politiques qui entendent bien eux aussi faire la politique et non plus la subir.

Ces voix contradictoires nous offrent l'occasion de revisiter cette période et d'en comprendre les enjeux à l'aune de valeurs républicaines toujours vivantes et toujours fragiles, ordonnées autour de la quête d'une impossible unanimité.

Jean-Claude Caron (Livre du jour)

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/11/13/un-espoir-de-mutation_1789824_3232.html
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