西尾治子 のブログ Blog Haruko Nishio:ジョルジュ・サンド George Sand

日本G・サンド研究会・仏文学/女性文学/ジェンダー研究
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In Memoriam Christine Chambaz-Bertrand

2011年06月18日 | 授業・講義・その他
In Memoriam > Christine Chambaz-Bertrand

Toute la communauté sandienne a été extrêmement affectée par la disparition très brusque de Mme Chambaz-Bertrand que tous aimaient et estimaient. En remerciant mes collègues de m’avoir chargée d’écrire cet hommage, je suis bien consciente cependant de son insuffisance et de la difficulté insurmontable que l’on rencontre à évoquer un être par quelques lignes d’écriture.
Née à Paris le 9 août 1943, Christine Bertrand appartenait à un milieu cultivé et sensible à la littérature - sa mère, Andrée Martinerie, écrivait et obtiendra en 1961 le prix des Libraires pour son roman Les Autres jours. L’adolescente fait de solides études au Lycée La Fontaine, prolongées par une hypokhâgne à Janson de Sailly. À la stimulation intellectuelle que lui apportent ces excellents lycées s’ajoute le plaisir d’y lier des amitiés durables. Elle est passionnée par la littérature et cette passion orientera toute sa vie. Après avoir été étudiante à la Sorbonne, elle réussit du premier coup et à 23 ans le difficile concours de l’agrégation de Lettres modernes. Parallèlement, elle étudie le russe aux « Langues O », et se rend plusieurs fois en URSS, à une époque où rares sont les étudiants qui s’y risquent. La lecture de Tolstoï et de Dostoïevski lui permet d’approfondir sa vaste culture.
Commence ensuite sa carrière d’enseignante : à l’École Normale d’Annecy, au lycée du Fayet près de Chamonix, puis à Bonneville et enfin dans la région parisienne au lycée François Villon des Mureaux et au Lycée Jeanne d’Albret de Saint-Germain-en-Laye. La tâche des enseignants des lycées n’est pas facile, surtout depuis quelques années ; mais Christine Chambaz-Bertrand s’en est acquittée avec un grand courage et une vraie passion pour l’enseignement. Cette carrière française fut interrompue pendant une année, en 1975, où, grâce à un échange, elle fut lectrice à Smith College, acquérant ainsi l’expérience de l’Université américaine.
Ses activités de professeur se sont toujours alliées chez elle au goût de la recherche. Après une thèse de troisième cycle sur Anaïs Nin, Le Miroir et le jardin, elle s’oriente vers l’œuvre de George Sand et soutient en 1991 une thèse sur Les Paradoxes de la maternité chez George Sand. Le jury composé de Sandiens réputés (Georges Lubin, Philippe Berthier, Nicole Mozet) lui décerne le titre de docteur avec la mention « très honorable ». Mme Chambaz-Bertrand m’avait choisie comme directrice de thèse, j’avais donc pu apprécier ses qualités de chercheuse et son constant travail dans des conditions parfois difficiles.
Cette thèse soutenue à l’Université de Paris VIII met bien en lumière, grâce à des découvertes d’inédits, la personnalité de Solange dont Mme Chambaz-Bertrand a montré le talent et la personnalité. Sans ignorer les travaux des historiens et des sociologues, ce travail s’inspirait avec souplesse et habileté des travaux de Mauron et de sa technique de superposition des textes. Le plan en est heureux, qui va de l’œuvre dans une première partie, à la vie (deuxième partie). Les analyses les plus intéressantes sont peut-être celles qui prouvent l’interaction souvent paradoxale de l’œuvre sur la vie, ou encore des phénomènes de décalage : les romans de « la mauvaise fille » sont justement écrits à un moment de rapprochement entre la mère et la fille. La littérature est d’autant plus prégnante sur la vie des individus que Solange est tentée de s’identifier aux personnages des romans de sa mère, que la mère a tendance à voir dans la fille un personnage de roman et qu’enfin Solange elle-même a aussi écrit des romans.
Comme il arrive traditionnellement dans les soutenances, le jury avait suggéré quelques améliorations possibles de cette thèse. Mme Chambaz-Bertrand, avec un rare courage, l’a reprise complètement et en a fait un autre livre, finalement très différent, plus rigoureux, plus riche encore en inédits ; elle suit alors jour par jour le drame familial, et surtout inverse complètement le point de vue, en prenant non plus celui de George Sand, mais celui de ses enfants. Et c’est à juste titre qu’elle l’intitule : Maurice et Solange, les enfants de George Sand. On ne saurait trop dire comme il est instructif de changer un angle d’approche. Tous les Sandiens vont pouvoir profiter de la lecture de cet ouvrage passionnant qui est sur le point de paraître aux éditions « Le jardin d’Essai ». Hélas, Christine Chambaz-Bertrand ne l’aura pas vu publié, et c’est Simone Balazard qui a bien voulu se charger de le préparer pour l’impression. Un autre chantier s’offrait à Mme Chambaz-Bertrand : l’édition des Œuvres complètes de George Sand que j’ai mise en route chez l’éditeur Champion. Christine suivait très fidèlement le séminaire que j’assure à l’École Normale Supérieure (rue d’Ulm), pour la préparation de cette édition ; elle s’était elle-même chargée de Mont-Revêche et avait déjà accompli une partie du travail : nous veillerons à ce qu’il ne soit pas perdu. Ajoutons enfin que Mme Chambaz-Bertrand a participé à de nombreux colloques, et qu’elle affectionnait tout particulièrement Cerisy-la -Salle où Maurice de Gandillac était toujours heureux de l’accueillir.
Enseignante, chercheuse, mère de famille aussi (Christine est la mère de Nicolas Chambaz que je remercie pour l’aide qu’il m’a apportée dans la rédaction de ces quelques lignes), Mme Chambaz-Bertrand, malgré une santé souvent délicate, a fait face à ses diverses tâches, avec un grand courage, une exigence et une énergie constantes. Elle était aussi une amie dont tous appréciaient la fidélité, la discrétion qui n’exclut pas la chaleur : ce réseau d’amis demeure uni dans le souvenir d’une personnalité particulièrement
attachante.

Béatrice Didier, ENS, rue d’Ulm

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