Mois de l’égalité femmes-hommes en Occitanie : Frédéric Marty, Caussadais agrégé de littérature, se penche sur la féministe méconnue Louise Dupin
Frédéric Marty, professeur de lettres en région parisienne et Caussadais d’origine, publie un livre sur Louise Dupin, féministe méconnue du siècle des Lumières. L’occasion de la (re)découvrir, en plein mois de l’égalité femmes-hommes en Occitanie.
Qui était Louise Dupin ?
Elle est la fille d’un des plus grands banquiers d’Europe et d’une actrice, dont le père était un compagnon de route de Molière. Louise Dupin tient un salon littéraire et philosophique important dans son hôtel particulier et a été propriétaire du château de Chenonceau pendant plus de 60 ans. En matière de filiation, elle est aussi l’arrière-grand-mère par alliance de George Sand [de son vrai nom Aurore Dupin, NDLR].
Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser à elle ?
Tout part de la découverte d’un fonds de manuscrits totalement inédits au musée Jean-Jacques Rousseau, qui fût son secrétaire particulier de 1745 à 1751. Ces manuscrits composent une partie de son "Ouvrage des femmes", jamais publié par cette figure féministe du XVIIIe siècle.
De quoi s’agit-il exactement ?
Pour Louise Dupin, l’égalité entre hommes et femmes existait dans les premières sociétés mais s’est perdue petit à petit. Avec son ouvrage, elle définit plusieurs réformes pour la rétablir, politiquement (que les femmes puissent gouverner) et juridiquement (mariage plus équitable, divorce, possibilité qu’elles puissent donner leur nom aux enfants). Elle milite aussi pour l’accès à tous les métiers, dans l’armée, l’économie, l’Eglise…
En quoi est-elle une auteure majeure sur la question de l’égalité des sexes ?
Son ouvrage est encyclopédique : elle y étudie la condition des femmes sur les différents continents et à différentes époques, aborde cette question sous des aspects physiques, historiques, juridiques et moraux. Elle estime ainsi qu’hommes et femmes sont égaux physiquement et en déduit une égalité intellectuelle et morale. Il y a aussi une dimension transgressive, puisqu’elle n’a pas peur de critiquer le manque de considération pour les femmes dans les écrits des plus grands auteurs depuis l’Antiquité. Son féminisme est assez radical, dans la mesure où elle insiste sur une égalité stricte.