西尾治子 のブログ Blog Haruko Nishio:ジョルジュ・サンド George Sand

日本G・サンド研究会・仏文学/女性文学/ジェンダー研究
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L'angoisse prospective

2016年04月20日 | 手帳・覚え書き
P. Bayard, "Le Plagiat par anticipation"
Pierre Bayard
Le Plagiat par anticipation
Paris : Éditions de Minuit, coll. "Paradoxe", 2009.
160 p.
EAN : 9782707320667
Prix : 15 €

Présentation de l'éditeur :

On ne cesse d'évoquer l'influence des écrivains et des artistes
sur leurs successeurs, sans jamais envisager que l'inverse soit
possible et que Sophocle ait plagié Freud, Voltaire Conan Doyle,
ou Fra Angelico Jackson Pollock.
S'il est imaginable de s'inspirer de créateurs qui ne sont pas
encore nés, il convient alors de réécrire entièrement l'histoire
de la littérature et de l'art, afin de mettre en évidence les
véritables filiations et de rendre à chacun son dû.


D’emblée, il faut être reconnaissant à Pierre Bayard : il ne prend
pas prétexte de sa théorie sur le « plagiat par anticipation » pour
légitimer une pratique qui trouve toujours, ici et là, des apologistes
dont les motivations sont souvent suspectes. C’est même plutôt
pour défendre «une certaine conception de l’honnêteté intellectuelle»

. Bayard fait aussi référence à une nouvelle de Georges Perec,
Le Voyage d’hiver. À vrai dire, l’expression de « plagiat par anticipation »
ne figure pas dans ce texte-là et, surtout, il n’est pas sûr que Perec nous
invite à ce type d’interprétation. Certes, le jeune narrateur Degraël
découvre un livre de Hugo Vernier qui « semblait n’être qu’une
prodigieuse compilation des poètes de la fin du XIXe siècle »3, pourtant
datée de 1864 ! Certes, Degraël en déduit, le cœur battant, que « Vernier
avait "cité" un vers de Mallarmé avec deux ans d'avance, plagié Verlaine
dix ans avant ses "Ariettes oubliées", écrit du Gustave Kahn près d'un
quart de siècle avant lui ! » Pour autant, la suite de l’enquête, à laquelle
le jeune chercheur a finalement décidé de sacrifier tout son temps, le
conduit sur une piste hallucinante mais à l’opposé d’une éventuelle forme
de plagiat par anticipation : non seulement l’œuvre de Vernier, intitulée
Le Voyage d’hiver, serait « la bible » où « les plus célèbres comme les
plus obscurs poètes de la fin du XIXe siècle, et parfois quelques
prosateurs […] avaient puisé le meilleur d’eux-mêmes »,
mais, comble de l’imposture, tous les exemplaires de cette œuvre
magistrale ont mystérieusement disparu, l’un après l’autre, comme pour
cacher définitivement le larcin de nos illustres poètes. Même l’exemplaire
de Degraël a été détruit, lors des bombardements du Havre, en même
temps que la villa où il était conservé.
La dimension quasi fantastique du dénouement donne le vertige et c’est
sans doute là que réside l’intérêt de cette magnifique nouvelle : « Pendant
près de trente ans, Vincent Degraël s’efforça vainement de rassembler
des preuves de l’existence de ce poète et de son œuvre. […] Il mourut,
à l’hôpital psychiatrique de Verrières. »4

En réalité, la notion de « plagiat par anticipation », telle que P. Bayard
essaie de lui donner une valeur qui dépasse le syllogisme provocateur
ou le raisonnement par l’absurde, ne peut prétendre à une légitimité
théorique que dans la mesure où on la resitue dans le processus de la
réception, et non pas de la création. Cette distinction est essentielle.
En effet, pour comprendre le type d’influence à rebours que décrit
P. Bayard, il convient de se placer, non du point de vue du créateur,
mais du point de vue du lecteur. Ainsi, le lecteur peut percevoir le
roman de Maupassant Fort comme la mort comme un plagiat par
anticipation de certaines pages de Proust sur la mémoire involontaire,
parce qu’il y a de fortes chances qu’il ait lu la grande œuvre de Proust
avant ce texte moins connu de Maupassant.

---

Hélène Maurel-Indart soutient en effet, dans son compte-rendu, que
la notion de « plagiaire par anticipation » serait au fond équivalente à
celle de « précurseur », dont elle ne serait à la limite ― ce que ne dit
pourtant pas explicitement le compte-rendu ― que l’habillage rhétorique
ou fantaisiste. Mais est-ce vrai ? Est-il exact de dire que les notions
de « précurseur » et de « plagiaire par
anticipation »
se recouvrent ?

À première vue, oui. Un auteur chez lequel il est possible de trouver
des pages ressemblant à celles qu’écrira un autre auteur quelques
années ou quelques siècles plus tard peut à juste titre être considéré
comme un « précurseur » ― les exemples sont innombrables ― ou
bien, si l’on a le goût des paradoxes et de l’humour, comme
un « plagiaire par anticipation ».

http://www.fabula.org/atelier.php?Angoisse_prospective

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