À HENRI HEINE
[Paris, 9 janvier 1843.]
Cher bon cousin,
je suis une tête sans cervelle, je vous ai promis pour mercredi, et voilà ma cousine (non par le droit de poésie, mais par le droit de réelle parenté), qui me rappelle que mercredi c’est le 11 janvier, le jour de naissance de sa mère — ma vieille tante. Je n’ai jamais manqué à ce dîner de famille, et je ne puis y manquer sous aucun pretexte.
Donnez donc votre dîner sans moi; Balzac et les autres seront bien assez aimables pour me faire oublier : mais je ne vous tiens pas quitte, je veux que vous me donniez à dîner chez vous, avec votre femme que je désire bien connaître; et, si comme vous le dites, elle a un peu de sympathie pour moi, elle sera hien payée de retour. Si le bon gros ami Balzac peut être alors de la partie, ce sera un dîner encore plus agréable pour nous tous. Je crains beaucoup les étrangers et je me sens mourir de gêne et de froid avec les gens qui m’examinent curieusement. Je vous aurais tenu parole cependant puisque je vous avais promis. Mais je ne le peux pas, et vous me dédommagerez un autre jour.
À vous de coeur.
George S.