西尾治子 のブログ Blog Haruko Nishio:ジョルジュ・サンド George Sand

日本G・サンド研究会・仏文学/女性文学/ジェンダー研究
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Histoire de chambres

2009年09月06日 | 新刊書(海外)

Le cahier livres de Libé
LIVRES 03/09/2009 À 00H00

Chambres avec vue
CRITIQUE
Intérieur. Michelle Perrot se penche sur l’univers caméral du Moyen Age à nos jours.
Par CLAIRE DEVARRIEUX

Michelle Perrot
Histoire de chambres
Seuil, «La librairie du XXe siècle», 450 pp., 22 euros.

Comment les chambres visitées par Michelle Perrot ne seraient-elles pas romanesques ? «Les retrouver dans le dédale et l’enchaînement des textes fut le principal plaisir de cette recherche», écrit l’historienne, qui tient avec son sujet «fil d’Ariane» et «caverne d’Ali Baba», franchissant les murs de centaines de résidents réels ou imaginaires avec un bonheur et une émotion communicatifs. Il s’agit de répertorier, et d’inventorier, la chambre à coucher, celle que nous avons toujours connue, mais n’a pas toujours existé comme ça ; celle qui semble en voie de disparition dans le logement contemporain, lequel privilégie la chambre des enfants.

Le XIXe siècle à son terme est l’âge d’or des dandys amateurs de bric-à-brac, mais, auparavant, il marque l’avènement de la chambre conjugale pour les classes moyennes (après 1840) comme pour les aristocrates embourgeoisés. «Le lit est tout le mariage», dit Balzac. Zola est un formidable architecte d’intérieur, très au courant des codes sociaux, qui fait mourir Nana dans une chambre d’hôtel, et Gervaise hors de la chambre où elle avait cru achevée sa réussite sociale.

Révolution. L’univers caméral est lié à la lecture, à l’écrit, à l’écrivain. Sans parler des chambres de malades (Proust, Joë Bousquet), une chambre à soi est indispensable à la création, qu’elle appartienne aux romancières anglo-saxonnes, Virginia Woolf en tête, ou à Simone de Beauvoir, rentrée chez elle après la vie de café. On la retrouvera plus tard, au chevet de sa mère, dans une chambre d’hôpital. Quant à l’univers carcéral, il est des prisons littéraires, comme celle de Silvio Pellico, mais on n’aurait garde de confondre chambre et cellule ; le prisonnier n’est pas chez lui.

Voici George Sand sur son lit de mort, du temps qu’on naissait et trépassait à la maison («dimension anthropologique» de la chambre). Voici Franz Kafka, aussi désireux de son refuge que Sartre est pressé d’en sortir. André Gide voulait «un abri dans un paysage». Les «établis» d’après-68 refusaient la révolution en chambre. Tout le monde n’a pas envie de tourner en rond dans son cocon. Et puis pourquoi toujours associer le retrait et la clôture ?

C’est une des vertus de cette somme que de dissocier les évidences binaires. Au XVIIe siècle, on envoie la «pensée dévote» s’aérer dans la nature, un mode de retraite ambulante que reprendra Rousseau. Avant le règne de la chambre conjugale, plus ou moins régentée par l’Eglise, la chambre est individuelle, féminine, «espace de réception et de sociabilité» (nous ne parlons pas ici de la future chambre des jeunes filles) qui annonce l’ère des salons : espace privé, ou public, ces frontières sont mouvantes.

Que voit le roi aux heures de son lever et de son coucher, cérémonies publiques ? Que ressentent les familles rurales et prolétaires entassées dans une pièce unique, qu’est-ce que le «grand mélange des sexes» d’antan ? Comment déjouer les fantasmes qui entachent les enquêtes en milieu ouvrier ? Cette empathie, cette inquiétude des sensations d’autrui, de s’approcher au plus près, au plus vrai, fonde l’art des historiens. C’est surtout par le regard de Michelle Perrot sur les détails de son inventaire qu’Histoire de chambres est si romanesque.

Couette. L’exposition est variée : on y trouve le papier peint, en usage à partir du XVIIIe siècle, d’origine anglaise, et populaire avant de devenir bourgeois. On suit les avatars de la couette. Mais ce livre n’est pas seulement «une contribution à l’histoire de la nuit», selon la proposition modeste de l’auteur. Il ouvre la porte des chambres de bonne et des garnis. Il fait revivre un peu «le fond de la misère» à Paris au début du XXe siècle, deux sœurs lingères, une veuve de facteur. Encore ont-elles un toit.

Observatrice de ce début du XXIesiècle, Michelle Perrot plaide pour le droit au logement. Elle voit aussi progresser la tendance à l’enfermement répressif, cette «solution archaïque».Histoire de chambres est néanmoins un ouvrage moins politique que personnel : «A chacun de se souvenir, d’écrire sa propre histoire de chambre.»
コメント
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