MÈMOIRE SUR L'INTRODUCTION ET L'USAGE DES CARACTÈRES CHINOIS AU JAPON,ET SUR L'ORIGINE DES DIFFÉRENS SYLLABAIRES JAPONAIS;SUIVI D'UN VOCABULAIRE CORÉEN,par M.Klaproth.
DEPUIS environ un siècle, plusieurs navires japonais ont été jetés par le mauvais temps sur les côtes du Kamtchatka. Ordinairement destinés à faire seulement le cabotage sur celles du Japon, ils n'étaient pas suffisamment approvisionnés pour tenir la mer pendant long-temps: l'équipage se trouvait donc toujours réduit, par la faim et par la misère, à la moitié ou à un tiers. L'hospitalité russe n'a jamais manqué d'accueillir avec bonté ces malheureux naufragés; et les commandans du Kamtchatka, conformément à leurs instructions, les ont dirigés sur Irkoutsk, parce que, suivant la loi du Japon, toute personne qui, née dans cet empire, le quitte, n'y peut rentrer sous peine de mort.
L'impératrice Catherine II, voulant mettre à profit la présence de ces infortunés dans ses états, établit à Irkoutsk une école de navigation, et, près de celle-ci, une chaire de langue japonaise, qui vraisemblablement existe encore. C'est toujours un Japonais qui la remplit, et qui enseigne sa langue maternelle à quelques jeunes Russes; mais rarement ces élèves parviennent à faire quelques progrès. Pendant mon séjour à Irkoutsk en 1805 et 1806, cette place était occupée par un Japonais nommé Sinsou, natif d'Issei, lequel, ayant été converti à la religion grecque, avait reçu le nom russe de Kolotygin, et pour nom de baptême et surnom ceux de Nikolai Pétrovitch.
J'eus occasion de me procurer, à Irkoutsk, un exemplaire d'un dictionnaire japonais-chinois,intitulé Faya biki sets iyoo sio, c'est-à-dire, Recueil qui enseigne avec promptitude l'usage des expressions. L'auteur, qui ne s'est pas nommé, se cache sous le nom de promeneur de Kioko. Cet ouvrage, très-répandu au Japon, a été souvent réimprimé. La plus ancienne édition que je connaisse et que je possède, est de 1757.
En 1760, l'auteur en donna une nouvelle, qu'il revit, et dans laquelle il plaça les caractères chinois droits (sin zi) à côté des caractères cursifs de la première. Sinsou possédait une édition de ce genre imprimée en 1776 à Yedo; j'en ai une publiée dans la même ville en 1800. Dans ce dictionnaire, les mots sont rangés selon l'ordre de l'i ro fa ou du syllabaire japonais, et écrits en caractères chinois et en fira kana.
Avec le secours de ce livre et à l'aide de Sinsou, je m'appliquai à l'étude de la langue japonaise, et je fis un extrait de ce dictionnaire, que je traduisis en allemand.
DEPUIS environ un siècle, plusieurs navires japonais ont été jetés par le mauvais temps sur les côtes du Kamtchatka. Ordinairement destinés à faire seulement le cabotage sur celles du Japon, ils n'étaient pas suffisamment approvisionnés pour tenir la mer pendant long-temps: l'équipage se trouvait donc toujours réduit, par la faim et par la misère, à la moitié ou à un tiers. L'hospitalité russe n'a jamais manqué d'accueillir avec bonté ces malheureux naufragés; et les commandans du Kamtchatka, conformément à leurs instructions, les ont dirigés sur Irkoutsk, parce que, suivant la loi du Japon, toute personne qui, née dans cet empire, le quitte, n'y peut rentrer sous peine de mort.
L'impératrice Catherine II, voulant mettre à profit la présence de ces infortunés dans ses états, établit à Irkoutsk une école de navigation, et, près de celle-ci, une chaire de langue japonaise, qui vraisemblablement existe encore. C'est toujours un Japonais qui la remplit, et qui enseigne sa langue maternelle à quelques jeunes Russes; mais rarement ces élèves parviennent à faire quelques progrès. Pendant mon séjour à Irkoutsk en 1805 et 1806, cette place était occupée par un Japonais nommé Sinsou, natif d'Issei, lequel, ayant été converti à la religion grecque, avait reçu le nom russe de Kolotygin, et pour nom de baptême et surnom ceux de Nikolai Pétrovitch.
J'eus occasion de me procurer, à Irkoutsk, un exemplaire d'un dictionnaire japonais-chinois,intitulé Faya biki sets iyoo sio, c'est-à-dire, Recueil qui enseigne avec promptitude l'usage des expressions. L'auteur, qui ne s'est pas nommé, se cache sous le nom de promeneur de Kioko. Cet ouvrage, très-répandu au Japon, a été souvent réimprimé. La plus ancienne édition que je connaisse et que je possède, est de 1757.
En 1760, l'auteur en donna une nouvelle, qu'il revit, et dans laquelle il plaça les caractères chinois droits (sin zi) à côté des caractères cursifs de la première. Sinsou possédait une édition de ce genre imprimée en 1776 à Yedo; j'en ai une publiée dans la même ville en 1800. Dans ce dictionnaire, les mots sont rangés selon l'ordre de l'i ro fa ou du syllabaire japonais, et écrits en caractères chinois et en fira kana.
Avec le secours de ce livre et à l'aide de Sinsou, je m'appliquai à l'étude de la langue japonaise, et je fis un extrait de ce dictionnaire, que je traduisis en allemand.
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