Danse!
Anne-Marie Pol
Nina,
graine d'étoile
前回踊りの話題が出たところで、アンヌ=マリー・ポルのダンスシリーズ、主
演ニーナ、1作目の出だしを転記。10巻位まで続くのかなあ。対象9歳より
となっているので、9歳未満の読者にはちょっと負担かも。ごめんね。
1
Bichette
Je reprends mon souffle.
Je suis toute droite dans le cercle de lumière,
au milieu de la scène. Je porte un tutu rose, si
léger qu'il a l'air fait d'un morceau de nuage.
Je me dis:
≪Maman est dans la salle.≫
Là. Tout près. Dans cette espèce de trou noir
où il n'y a que des ombres. J'entends leurs mur-
mures:
―C'est Nina Fabbri.
―Une jolie ballerine...
―Et douée! Ella n'a pas encore treize ans.
Je tends mon pied serré dans le chausson lui-
sant, au bout dur. La musique éclate. Je pique
de la pointe. Mais je ne peux pas... je ne peux
plus danser!
Je me mets à hurler:
―Maman!
Et je me réveille. Je suis à demi tombée
du lit, un pied par terre. La couette dans
tous les sens. Mon cœur cogne. Toujours
le même rêve! Impossible de m'en dépê-
trer. Depuis que j'ai perdu ma mère― il y
a dix-huit mois― il m'attend chaque nuit
au tournant du sommeil.
J'allume la lampe. Sa lumière jaunâtre
me fait cligner des yeux. Ma petite cham-
bre ressemble à un cocon rassurant. Pas un
bruit. Les yeux écarquillés, j'écoute le
silence dans lequel mon cœur fait boum...
boum... boum... et je me lève sur la pointe
des pieds.
Le carrelage est froid. La porte grince.
Une fois dans le couloir, j'appelle:
―Papa?
Il ne répond pas. Sa chambre est grande
ouverte. Vide. Le lit n'est pas défait. Sorti
hier soir, mon père n'est pas encore rentré.
Ça alors! Je vais dans la cuisine. Je me sers
un verre d'eau. Où est-ce qu'il peut être?
On l'invite souvent, dernièrement.
―Nina!
Je sursaute. Avec le bruit du robinet, je
n'ai pas entendu s'ouvrir ni se fermer la
porte d'entrée. Je ne l'ai pas entendu arri-
ver:
―Papa...
―Qu'est-ce que tu fais debout à cette
heure-ci? demande-t-il.
Je contre-attaque:
―Et toi? Pourquoi tu rentres si tard?
―La soirée a duré plus longtemps que
prévu.
J'ai un petit rire:
―C'est clair!
À vrai dire, je ne trouve pas ça drôle,
mais je suis soulagée qu'il soit là. Je vais
me jeter contre lui et je fronce le nez: ses
habits sont imprégnés d'une odeur désa-
gréable de tabac. Il me serre dans ses bras:
―Tu es glacée, ma Bichette.
J'aime bien qu'il m'appelle comme ça.
C'était l'habitude de Maman. ≪Tu as une
figure de faon, disait-elle, avec tes yeux en
amande― si noirs―, tes pommettes hautes
et ton petit bout de nez!≫ En plus, j'ai les
cheveux brun-roux. Bichette, quoi!
J'appuie ma joue contre celle de Papa,
qui gratte. Il pique un baiser sur ma
tempe:
―Va te coucher.
―Accompagne-moi, alors.
En étouffant un soupir― je suis crevé―
il me ramène à mon lit. Je m'y pelotonne.
Il me borde:
―Dors vite!
Je bâille:
―Toi-oi-oi aussi...
―J'ai intérêt. On m'attend à 10 heures à
l'A.N.P.E.*.
Je rebâille:
―Pourvuuu que ça marche... et que tu
retrououves du travail...
Les yeux fermés, je suis en train de glis-
ser dans quelque chose de doux, de coton-
neux: la neige tiède du sommeil.
J'entends:
―Ma Bichette...
Et je m'endors.
* Agence nationale pour l'emploi.
(―POCKET Junior) F.F.
Anne-Marie Pol
Nina,
graine d'étoile
前回踊りの話題が出たところで、アンヌ=マリー・ポルのダンスシリーズ、主
演ニーナ、1作目の出だしを転記。10巻位まで続くのかなあ。対象9歳より
となっているので、9歳未満の読者にはちょっと負担かも。ごめんね。
1
Bichette
Je reprends mon souffle.
Je suis toute droite dans le cercle de lumière,
au milieu de la scène. Je porte un tutu rose, si
léger qu'il a l'air fait d'un morceau de nuage.
Je me dis:
≪Maman est dans la salle.≫
Là. Tout près. Dans cette espèce de trou noir
où il n'y a que des ombres. J'entends leurs mur-
mures:
―C'est Nina Fabbri.
―Une jolie ballerine...
―Et douée! Ella n'a pas encore treize ans.
Je tends mon pied serré dans le chausson lui-
sant, au bout dur. La musique éclate. Je pique
de la pointe. Mais je ne peux pas... je ne peux
plus danser!
Je me mets à hurler:
―Maman!
Et je me réveille. Je suis à demi tombée
du lit, un pied par terre. La couette dans
tous les sens. Mon cœur cogne. Toujours
le même rêve! Impossible de m'en dépê-
trer. Depuis que j'ai perdu ma mère― il y
a dix-huit mois― il m'attend chaque nuit
au tournant du sommeil.
J'allume la lampe. Sa lumière jaunâtre
me fait cligner des yeux. Ma petite cham-
bre ressemble à un cocon rassurant. Pas un
bruit. Les yeux écarquillés, j'écoute le
silence dans lequel mon cœur fait boum...
boum... boum... et je me lève sur la pointe
des pieds.
Le carrelage est froid. La porte grince.
Une fois dans le couloir, j'appelle:
―Papa?
Il ne répond pas. Sa chambre est grande
ouverte. Vide. Le lit n'est pas défait. Sorti
hier soir, mon père n'est pas encore rentré.
Ça alors! Je vais dans la cuisine. Je me sers
un verre d'eau. Où est-ce qu'il peut être?
On l'invite souvent, dernièrement.
―Nina!
Je sursaute. Avec le bruit du robinet, je
n'ai pas entendu s'ouvrir ni se fermer la
porte d'entrée. Je ne l'ai pas entendu arri-
ver:
―Papa...
―Qu'est-ce que tu fais debout à cette
heure-ci? demande-t-il.
Je contre-attaque:
―Et toi? Pourquoi tu rentres si tard?
―La soirée a duré plus longtemps que
prévu.
J'ai un petit rire:
―C'est clair!
À vrai dire, je ne trouve pas ça drôle,
mais je suis soulagée qu'il soit là. Je vais
me jeter contre lui et je fronce le nez: ses
habits sont imprégnés d'une odeur désa-
gréable de tabac. Il me serre dans ses bras:
―Tu es glacée, ma Bichette.
J'aime bien qu'il m'appelle comme ça.
C'était l'habitude de Maman. ≪Tu as une
figure de faon, disait-elle, avec tes yeux en
amande― si noirs―, tes pommettes hautes
et ton petit bout de nez!≫ En plus, j'ai les
cheveux brun-roux. Bichette, quoi!
J'appuie ma joue contre celle de Papa,
qui gratte. Il pique un baiser sur ma
tempe:
―Va te coucher.
―Accompagne-moi, alors.
En étouffant un soupir― je suis crevé―
il me ramène à mon lit. Je m'y pelotonne.
Il me borde:
―Dors vite!
Je bâille:
―Toi-oi-oi aussi...
―J'ai intérêt. On m'attend à 10 heures à
l'A.N.P.E.*.
Je rebâille:
―Pourvuuu que ça marche... et que tu
retrououves du travail...
Les yeux fermés, je suis en train de glis-
ser dans quelque chose de doux, de coton-
neux: la neige tiède du sommeil.
J'entends:
―Ma Bichette...
Et je m'endors.
* Agence nationale pour l'emploi.
(―POCKET Junior) F.F.
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