1971年の初頭、ステットソン帽を被った男(=メルヴィル)は彼の新規プロジェクト"Nuit sur la cité"について俳優(=ドロン)に初めて話した。
そして彼に対して警官を演じたいか、それとも犯罪者を演じたいか選択する余地を与えた。
ドロンにとって当時はまだ自分がギャングスターとして有名だったので、刑事を演じるというのは彼にとっても挑戦であった。
ただし彼はまだそのときエドワード・コールマン刑事の役が最終的には脇役的なものになることを知らされてはいなかった。
Malgré quelques petites dissensions entre la star et son metteur en scène,
UN FLIC n'en reste pas moins une œuvre remarquable et d'autant plus émouvante qu'elle demeure l'ultime film de Melville, décédé peu après la sortie.
Un Flic : le titre stigmatise l'originalité du projet.
Pour la première fois, Melville centre sa caméra sur un policier.
Pour la première fois aussi, Alain Delon va interpréter un représentant de la loi.
Lui qui a si souvent interprété de séduisantes canailles devient un flic,
Melville déjà l'avait fait changer de registre en tirant sa criminalité vers la tragédie.
Dans Le Samouraï ou Le Cercle Rouge, la star campait des hors-la-loi froids et désespérés, allant à leur perte animée par un sens certain de l'honneur.
L'exigence, la rigueur et la vision melvillienne ont bluffé Delon en ces deux occasions, au point qu'il cite son nouveau pygmalion au même rang que ses maîtres Visconti ou Clément.
Quand, au début de l'année 1971, l'homme au Stetson évoque pour la première fois son nouveau projet
-alors baptisé Nuit sur la cité -à l'acteur il lui laisse pourtant le choix :veut-il interpréter un flic ou un voyou ?
Il ne cache pas que pour lui aussi, célèbre pour ses portraits de gangsters en gabardine, axer le récit sur la police est un défi.
On ne sait pas si le role du commissaire Édouard Coleman est alors aussi discret que dans le montage final.
Toujours est-il que c'est celui sur lequel Alain Delon jette son dévolu.
“J'ai choisi le flic pour que l'on ne m'accuse pas, une fois de plus, de jouer toujours les gouapes ou les voyous.
Cette fois-ci, je suis de l'autre côté de la barricade'.”
Et de balayer l'ajustement dramatique occasionné par ce revirement : “flic ou gangster, seule l'appellation change.”
En tout cas, afin de marquer clairement la distinction avec le Samouraï, Alain Delon se leste de cinq kilos supplémentaires, histoire de donner de l'étoffe au personnage.
Pour tenir le rôle du voyou, cet amoureux d'Hollywood qu'est Melville fait appel à l'Américain Richard Crenna,
alors auréolé de sa performance de méchant dans Seule dans la nuit où il persécutait une jeune aveugle jouée par Audrey Hepburn.
Un des éléments inédits est aussi la présence d'un rôle féminin tout à fait crucial, censé apporter à ce polar un élément à la ≪Jules et Jim ».
C'est sa femme, Flo, qui lui en avait soufflé l'idée en fustigeant la tenace misogynie de l'univers de son mari à la lecture du scenario.
“Cela tient, confie-t-il alors, à ce que je déteste le cinéma érotique et qu'instinctivement la présence d'une femme m'y fait penser.
J'ai lutté contre cette réaction dans Un Flic et j 'ai au demier moment glissé le rôle de Catherine Deneuve autour de laquelle finalement toute l'histoire s'organise'.”
Pour le reste de la distribution, Melville sollicite des valeurs sûres du cinema français (Paul Crauchet André Pousse),
italien (Riccardo Cucciolla que Delon recroisera sur Borsalino & co) et américain (Michael Conrad).