Martin Vaillagou est né le 28 juillet 1875 dans le Quercy. Il a épousé sa femme Eugénie en 1900 et il est venu vivre avec elle à Malakoff, près de Paris. Là, ils ont fondé ensemble une entreprise de maçonnerie qui est devenue prospère. Deux enfants sont nés : Maurice en 1904, Raymond en 1909... Martin était admirateur de Jaurès et poète à ses heures. Mobilisé comme ses quatre frères, le soldat Vaillagou été tué avec seize autres hommes lors d'une embuscade au coeur d'un petit bois dans la région de Mourmelon, le 25 août 1915, un mois avant la mort de deux de ses frères, tués le même jour et au même endroit. Maurice, son fils aîné qui lui demandait de lui rapporter des balles ennemies et un casque de Prussien, a dû travailler après la mort de son père dans une entreprise de produits chimiques. Il est mort d'une leucémie foudroyante en janvier 1918, trois ans après son père. Il avait quatorze ans. |
マルタン・ヴァイヤグーは1875年7月28日、ケルシーで生まれた。1900年に妻ウジェニーと結婚し、妻とパリ近くのマラコフに移り住んだ。そこで二人はともに石工業を始め、繁盛した。2人の子宝に恵まれた:1904年にモーリス、1909年にレイモンド。マルタンはジョレスを信奉しており、時折詩を書いた。4人の兄弟と同じように軍に招集され、兵士マルタンは1915年8月25日、ムムロン地区の小さな森の中の奇襲で他の16名とともに戦死した。兄2人が同じ日に同じ場所で戦死した1か月前のことだった。敵の銃弾とプロシア兵のヘルメットを欲しがった彼の長男モーリスは、父の死後、化学製品工場で働かなければならなかった。彼は重い白血病で父の死の3年後の1918年1月に亡くなった。14歳だった。 |
Lettre du soldat Martin Vaillagou, Suippes (Marne), le 26 août 1914 « Mes chers petits, Du champ de dévastation où nous sommes, je vous envoie ce bout de papier avec quelques lignes que vous ne pouvez encore comprendre. Lorsque je serai revenu, je vous en expliquerai la signification. Mais si le hasard voulait que nous ne puissions les voir ensemble, vous conserverez ce bout de papier comme une précieuse relique ; vous obéirez et vous soulagerez de tous vos efforts votre maman pour qu’elle puisse vous élever et vous instruire jusqu’à ce que vous puissiez vous instruire vous‑mêmes pour comprendre ce que j’écris sur ce bout de papier. Vous travaillerez toujours à faire l’impossible pour maintenir la paix et éviter à tout prix cette horrible chose qu’est la guerre. Ah ! la guerre quelle horreur !… villages incendiés, animaux périssant dans les flammes. Êtres humains déchiquetés par la mitraille : tout cela est horrible. Jusqu’à présent les hommes n’ont appris qu’à détruire ce qu’ils avaient créé et à se déchirer mutuellement. Travaillez, vous, mes enfants avec acharnement à créer la prospérité et la fraternité de l’univers. Je compte sur vous et vous dis au revoir probablement sans tarder. Votre père qui du front de bataille vous embrasse avec effusion. » |
マルタン・ヴァイヤグー兵士の手紙 マルヌ県シュイップ 1914年8月26日 「私の可愛いチビちゃんたちへ、 私たちが今いる荒廃した戦場から、おまえたちにこの手紙を送るよ、お前たちがまだ理解できない数行を書いたけれど。帰ったら、どういうことか説明してあげる。ただ、不運にも一緒に見ることができないのであれば、おまえたちはこの手紙を大切な形見として取っておくんだ。それと、ママの言うことを聞いて、頑張ってママを心配させないように。ママはおまえたちが自分で私がこの手紙に書いたことを理解できるようになるまで、おまえたちを育てて色々教えてくれるのだから。おまえたちはこれから平和を維持し、どんな犠牲を払ってもこの戦争という恐ろしいものを避けるのにずっと不可能なことをしようと努力していくんだ。ああ、戦争、なんという恐怖!焼かれる村々、炎で消滅させられる生き物たち。マシンガンで粉々に引き裂かれる人間たち:すべてが恐ろしい。今まで、人間は自分たちが作ったものを破壊し、お互いを引き裂くことしか学んでこなかった。おまえたち、私の子供たちよ、一生懸命頑張って、この宇宙に、繁栄と友愛を創造するんだ。おまえたちを信頼している、まあそれではさようなら。前線からおまえたちを強く抱きしめるおまえたちのパパより」 |
Letter du soldat Martin Vaillagou, sans mention de lieu, 1915 Je vais exaucer les vœux à Maurice dans la mesure du possible. D’abord pour les lignes de combat, je vais tracer un plan au dos de cette feuille que tu pourras suivre et expliquer à maman, à moins que maman comprenne mieux que Maurice. Pour les balles allemandes, je pourrai le faire. J’en apporterai quand je reviendrai. Pour le casque de Prussien, cela n’est pas sûr. Ce n’est pas maintenant le moment d’aller les décoiffer. Il fait trop froid, ils pourraient attraper la grippe. Et puis, mon pauvre Maurice, il faut réfléchir que les Prussiens sont comme nous. Vois‑tu qu’un garçon prussien écrive à son père la même chose que toi et qu’il lui demande un képi de Français, et si ce papa prussien rapportait un képi de Français à son petit garçon et que ce képi fût celui de ton papa ? Qu’est‑ce que tu en penses ? Tu conserveras ma lettre et tu la liras plus tard quand tu seras grand. Tu comprendras mieux. À la place du casque de Prussien, je vais t’envoyer à toi, à Raymond, maman peut les recevoir aussi, des petites fleurs de primevères que les petits enfants (garçons et filles) du pays où je suis cueillaient autrefois et qui faisaient leur joie, et que moi, le grand enfant, j’ai cueilli cette année dans leur jardin pour te les envoyer. (Je ne les vole pas, elles se perdraient tout de même.) Je vous les envoie pour que vous pensiez un peu à leur malheur de n'être plus dans leur maison. Je vois, je mets même mes ustensiles de cuisine sur un petit dodo de ces petits enfants. Il y en a là deux, même que je ne peux voir sans penser à vous et les larmes aux yeux me disent que vous êtes tout de même heureux par rapport aux autres... |
マルタン・ヴァイヤグー兵士の手紙 場所の言及なし 1915年 できるだけモーリスの願いを叶えてあげるよ。まず、戦線については、この紙の裏に図を描くから、ママがわからない場合は、おまえがなぞってママに説明してあげるんだ。ドイツの銃弾については、手に入る。帰る時、いくつか持っていくよ。プロイセンのヘルメットについては、これはわからない。今は、ヘルメットを取りに行って、彼らの髪の毛を乱すときではないんだ。寒すぎて、彼らも風邪をひいてしまうからね。それに、モーリス、プロイセン人も私たちと同じだと考えなきゃだめだ。いいか、プロイセンの男の子が自分のパパにお前と同じことを手紙で書いて、フランスの帽子をお願いして、もしこのプロイセン人のパパがフランスの帽子を息子に持っていって、この帽子がお前のパパのだったら?どう思う?パパの手紙をしまっておいて、もっと大きくなったら読むんだ。もっとよくわかるようになるから。プロイセンのヘルメットの代わりに、おまえとレイモンドに、ママが受け取ってもおかしくない、プリムローズの小さな花を贈るよ、それは今パパがいるこの国の小さな子供たちが(男の子も女の子も)以前集めていて、楽しんでいたので、大きな子供であるパパもそれを今年その庭で集めて、おまえにその花を贈るよ。(盗んではいないよ、どっちにしろなくなってはしまうんだけど。)パパは、彼らがもう自分の家にいられないという不幸についておまえに考えてもらうように、その花を贈るよ。パパはこの小さな子供たちのベッドの1つに食器を置いている。ベッドは2つあるので、見るとおまえたちのことを思い出さずにはいられないし、涙が出てくるが、それでもおまえたちは他の人たちに比べると幸せなんだよ。 |
Lettre du soldat Martin Vaillagou, Suippes (Marne), le 26 août 1914
Lettre de Martin Vaillagou, poilu répondant à son fils Maurice